Bienveillante, positive et rigoureuse, Nathalie Rubio est l’un des piliers fondateurs du BWS. Persuadée de la portée novatrice du projet, elle soutient le jeu d’années en années. Spécialiste de l’Union Européenne au parcours qui en dit long, elle se dédie à ses élèves et à ses enseignements avec ferveur. Défenseuse d’une “pédagogie innovante et collaborative”, elle aime transmettre ses savoirs et partager ses expériences.
Un chemin européen presque tout tracé
Tiraillée très jeune entre son attrait pour les langues étrangères, l’enseignement et le droit, Nathalie Rubio a fait le pari de miser sur les trois. Son parcours, qu’elle décrit comme “très linéaire”, relève pourtant de l’excellence. Alors qu’elle n’est “proche d’aucun juriste”, elle se passionne tour à tour pour le droit international, privé et public. Ce n’est qu’au cours de sa cinquième année qu’elle se tourne définitivement, ou presque, vers le droit de l’Union européenne. Juriste passionnée, elle ne recule pas devant les défis. Doctorante sous la direction du professeur émérite Louis Dubouis, elle devient en parallèle Maître de conférences à l’Université d’Aix-Marseille. Agrégation de droit en poche quelques temps plus tard, elle poursuit un temps sa carrière dans les amphis de l’Université de Lille avant de retrouver le chemin d’Aix-en-Provence, cher à son cœur. Polyvalente et habituée à jongler entre les responsabilités, elle occupe de multiples postes dans le milieu très select de la recherche européenne. Directrice du Master droit international et droit européen à la faculté d’Aix, dont les élèves participent chaque année au BWS, Nathalie Rubio navigue entre les projets de recherche. “Grâce à la Chaire Jean Monnet, au centre d’excellence Jean Monnet et au Réseau européen Jean Monnet SoLaR, qui rassemblait des collègues de sept universités prestigieuses -King’s College de Londres, Maastricht, Berlin-” explique la chercheuse.
“Le BWS vaut mieux que tous les cours magistraux”
Sa rencontre avec le BWS, elle l’a fait dès 2018, lors de la première édition. “J’ai eu la chance d’être associée au BWS dès le début dans le cadre de mes fonctions de direction du Centre d’études et de recherches internationales et communautaires (CERIC) et de mon appartenance au Centre d’excellence Jean Monnet “l’Europe du sud”. Ravie de pouvoir échanger avec d’autres membres du jury international lors de phases préparatoires, “c’est tout naturellement que j’ai souhaité m’impliquer dans toutes les phases du jeu, notamment pour suivre mes étudiants” indique Nathalie Rubio. Ses étudiants, elle les voit évoluer à travers ses enseignements, mais aussi grâce aux mutations pédagogiques du jeu. Durant les dernières plénières, en janvier, elle se souvient de sa satisfaction à voir les joueurs débattre. “Au fil des années, j’ai été très agréablement surprise par les progrès, aussi bien sur le fond que la forme, que les étudiants avaient faits : leur connaissance des enjeux et des techniques de négociations européennes … et aussi par leurs jeux d’acteurs !” résume l’enseignante. Marquée par l’effervescence des plénières, elle est convaincue qu’un jeu tel que le BWS “vaut mieux que tous les cours magistraux”.
“Intéresser les jeunes au projet européen »
À la clef, ce ne sont pas uniquement des enjeux pédagogiques mais bien des enjeux européens que Nathalie Rubio souhaite faire valoir. “Je suis intimement persuadée que les jeux de rôles (BWS), les procès fictifs (European Law Moot Court), l’organisation de débats par les étudiants eux-mêmes sont des moyens précieux pour intéresser les jeunes au projet européen et leur montrer que, derrière la technicité du droit de l’UE, il y a un vouloir vivre ensemble” confie-t-elle. Le BWS c’est un peu de tout ça, des moments d’échanges, de partages, d’apprentissage et de connaissance de soi. Si les apports académiques sont indéniables, la juriste y voit un véritable vecteur de socialisation : “le jeu apporte aux élèves la possibilité de se révéler, de se connaître, de partager…Je sais que certains étudiants de l’année dernière sont restés en contact et ont pu ainsi construire un vrai réseau qui peut les soutenir dans leur insertion professionnelle”. Passerelle entre la fac de droit et Sciences Po Aix, elle tient à cette coopération académique d’excellence. Cette année, malgré le contexte sanitaire tendu, rien de plus instructif pour elle que de se pencher sur une thématique aussi forte que la construction de l’Europe de la santé. Gare aux joueurs et joueuses, l’expérimentée juriste sera plus qu’”attentive à la précision des termes, des raisonnements, à la régularité du travail et à la capacité de jouer un rôle tout en restant crédible”.
Elhia Pascal-Heilmann