Passionnés d’Union Européenne (UE), vous ne pouvez pas manquer de suivre sur Twitter Jean-Sébastien Lefebvre, chef du bureau bruxellois du média Contexte. Fin connaisseur des rouages institutionnels et juridiques européens, le journaliste français sait informer sur les dossiers en cours, avec autant de pédagogie que de traits d’humour. Il rejoint cette année le jury international du BWS, pour notre plus grand plaisir.
Couvrir l’Union Européenne de crise en crise
La carrière du journaliste a commencé loin de Bruxelles et des formations classiques. Diplômé au début des années 2000 d’une licence d’Histoire à Angers, le jeune Jean-Sébastien poursuit sa formation à l’Université Paris-Est dans un Master de “Cultures politiques comparées”. Il s’envole ensuite pour la Pologne, pour suivre un second Master en études européennes, au Collège d’Europe de Natolin. En parallèle de ses études, ce passionné d’Europe s’élance d’abord dans la presse quotidienne régionale. De 2003 à 2007 il passe 4 ans à sillonner les contrées locales pour le Courrier de l’Ouest. C’est en 2007, qu’il commence à couvrir les affaires européennes “aussi bien à Paris qu’à Bruxelles, en tant que salarié (cafebabel, Euractiv, etc) et en tant que pigiste (L’Express, Slate, Dalloz Actualités, etc)”. Cinq ans plus tard, une nouvelle ère s’ouvre pour le journaliste. “J’ai participé à la création du journal numérique Contexte en 2013 et à ce titre, j’ai été son premier correspondant à Bruxelles. Avec le développement du média, le bureau s’est progressivement agrandi” raconte l’intéressé. À la tête de l’antenne depuis 2017, cette dernière compte aujourd’hui 6 journalistes dans son équipe, “bientôt 8”. “Ma mission est de coordonner le travail des différentes rubriques, vie politique, énergie, numérique, transports, agro-alimentaire et bientôt environnement, sur les enjeux européens », précise-t-il. Le journaliste est d’ailleurs à la tête de la rubrique Pouvoirs, s’intéressant aux dossiers politiques et institutionnels français et européens. Très impliqué dans son travail, scrutateur des chiffres et des détails, le journaliste aux lunettes noires confie “avoir du mal à voir les dossiers traîner ». Exigeant envers lui-même et les autres, Jean-Sébastien Lefebvre est toutefois d’une précieuse écoute pour ses équipes et est très apprécié par ses confrères et consoeurs de la bulle européenne. Douze ans après ses débuts sur l’UE, il a couvert “presque toutes les crises qu’elle a traversé depuis : de la zone euro à celle du Covid-19 en passant par la crise des réfugiés ou du Brexit”, commente-t-il. Après avoir enchaîné des dizaines de sommets européens jusqu’au bout de la nuit, il ajoute : “j’ai pu assister aux débats, parfois douloureux, qui ont transformé l’Europe. Celle de 2020 ne ressemble plus beaucoup à celle que j’ai étudiée”.
“S’adapter au terrain, au jeu des négociations et aux aléas des relations humaines”
Lorsqu’il a été décidé d’élargir le jury à la sphère médiatique, le nom de Jean-Sébastien Lefebvre s’est imposé naturellement. Ce dernier, très enthousiaste à l’idée du projet, confirme qu’il a été pour lui “impossible de refuser une telle opportunité.” “Une expérience qui se rapproche du réel : il n’y a rien de mieux pour apprendre et assimiler les notions apprises en cours” ajoute le correspondant bruxellois. Ce qui l’intéresse dans la simulation, est le fait que les étudiants “vont pouvoir confronter leurs connaissances à la réalité : voir comment la théorie s’adapte au terrain, au jeu des négociations et aux aléas des relations humaines”. Il sera par ailleurs très attentif à la capacité des acteurs de la négociation “à créer une dynamique et une stratégie qui leur permettent d’atteindre leurs objectifs”. Pour les journalistes, “le point clé sera leur esprit de synthèse car la première mission d’un journaliste, que ce soit à Bruxelles ou ailleurs, est de rendre intelligible pour tous ce qu’il se passe sur le terrain” insiste-t-il. Il regrette au passage le fait que les rédactions parisiennes n’aient pas pris conscience que depuis ces 50 dernières années, une partie du pouvoir s’est déplacée de Paris à Bruxelles. “Ne pas couvrir le travail législatif de l’Union revient à occulter tout un pan de la vie démocratique des Français” affirme-t-il, d’où l’importance du travail des correspondants dans la capitale européenne. Quoi de mieux alors qu’une thématique de travail autour de l’Europe de la Santé, “en phase avec les réflexions du moment à Bruxelles et dans les capitales” ? Jean Sébastien Lefebvre précise que “le 11 novembre, la Commission a présenté trois textes législatifs pour créer une ébauche « d’Europe de la Santé ». D’autres sont encore attendus”. Un tel sujet très riche sur un plan institutionnel, « mêlant des compétences très européanisées mais aussi des compétences régaliennes que les Etats membres protègent jalousement”, saura mettre à l’épreuve de l’actualité les joueurs. Le journaliste y prêtera toute son attention.
Marie Pouzadoux (équipe de coordination)