Alumni aixoise férue d’intégration européenne, Isabelle Coustet a fait de sa passion son métier, et un engagement du quotidien. À la tête du bureau du Parlement Européen français depuis 2015, elle rejoint cette année le prestigieux jury du BWS.
Alumni passionnée par les questions européennes
Toute passion née d’une étincelle. Celle d’Isabelle Coustet, s’est déclenchée sur les bancs de Sciences Po Aix, alors qu’elle y suit ses études entre 1987 et 1990. “ J’ai attrapé le virus de la construction européenne en deuxième année, grâce à mon professeur de droit communautaire, M. Louis Dubouis, raconte-t-elle. Il m’a donné la conviction que l’intégration européenne était le projet politique à la fois le plus important de la fin du 20e siècle et le plus concret en matière de droit international”. Enthousiaste à l’idée de se spécialiser sur ces questions européennes, cette dernière, qui n’est pas “une juriste stricto sensus”, rejoint la première promotion du DEA de droit communautaire. La française commence sa carrière professionnelle à la Cour de Justice européenne, en tant que juriste linguiste. À la suite, elle passe avec succès un concours d’administrateur au Parlement européen. Isabelle Coustet est ainsi recrutée à Bruxelles comme administratrice au sein de différentes commissions, “d’abord à celle de l’emploi et des affaires sociales, puis celle de l’environnement et de la santé publique”. Enthousiaste à l’idée de publiciser le projet européen et les actions de l’UE dans son pays, elle est celle qui, en 2000, lance le bureau du Parlement européen à Marseille. La juriste restera à sa tête pendant 10 ans et participe les deux dernières années “à la genèse de Marseille Provence 2013, capitale européenne de la culture, à la croisée de mes convictions et de mon territoire d’origine”. Après cette expérience locale, retour en terres belges afin de “renouer avec le processus décisionnel européen, à la séance plénière du Parlement européen de 2012 à 2015”. C’est en 2015 qu’est acté son retour en France, cette fois-ci à Paris, lorsqu’elle est nommée à son poste actuel. Ce dernier est à la croisée de la communication politique, des relations publiques institutionnelles et des relations presse. Isabelle Coustet souligne que depuis 2015, “les défis n’ont pas manqué et la communication de crise a été monnaie courante (terrorisme, Brexit, crise de l’euro, migrants, Covid19…)”. Mais le moment le plus intense reste, pour son bureau, l’appel au vote lors des élections européennes. “Aujourd’hui je suis fière de tenter de contribuer à une meilleure connaissance en France du travail et des pouvoirs d’un Parlement européen en constante mutation ” souligne l’intéressée. Épanouie dans ses missions, Isabelle Coustet dit croire “en l’action politique et la démocratie” et affectionne au quotidien “le débat d’idées et les nuances que la construction européenne porte en son sein.”
“Le BWS apporte une vision concrète des Institutions et une appropriation des objectifs de chaque acteur”
Pour sa première participation au jury du BWS, l’ancienne étudiante de Sciences Po Aix est contactée par le directeur de notre Bonne maison, Rostane Mehdi. Il lui propose de siéger dans le jury de cette nouvelle édition du BWS. Elle raconte avoir accepté “tout naturellement cet honneur”. À quelques jours des plénières, Isabelle Coustet se dit d’ailleurs “très curieuse de voir ce que mon regard pourrait apporter aux étudiants aujourd’hui”. Cette passionnée d’Europe, qui a l’habitude de faire connaître les actions de l’UE, sait par expérience que “le processus décisionnel européen est à la fois abstrait et lointain de nos habitudes politiques nationales”. “Quand j’ai étudié le droit communautaire, il était très difficile pour moi de comprendre les véritables relations à l ‘œuvre dans le triangle institutionnel européen” confie-t-elle. Ainsi, la force du jeu de rôle réside selon elle dans le fait qu’il permette de “réellement faire comprendre les interactions à l’œuvre”. “Le BWS apporte à la fois une vision concrète des Institutions et une appropriation des objectifs de chacun des acteurs” insiste avec entrain la représentante du Parlement européen. Lors des plénières qui se dérouleront en ligne, cette dernière signale qu’elle sera attentive “à la réflexion personnelle des joueurs au sein du rôle qui leur est imparti, à leur capacité à trouver des compromis équilibrés, à négocier sur certains points, ainsi qu’à trouver des solutions innovantes sur d’autres”. Et pour cette édition, au cœur d’une année si particulière sous le signe du Covid-19, elle estime que la thématique ne pouvait pas être plus d’actualité. “ La pandémie de Covid-19 a mis l’Union européenne face à un défi existentiel sur le plan sanitaire, domaine dans lequel elle n’a que très peu de compétences, et elle a dû jouer de tous ses mécanismes pour parvenir à la concrétisation d’une réelle solidarité entre Etats-Membres”, commente la juriste. Après avoir réussi à “relever le défi dans le domaine des vaccins”, être parvenue sur le plan économique “à adopter un plan de relance historique”, l’UE est aujourd’hui au premier plan politique. Pour cette européenne convaincue, qui oeuvre au quotidien pour l’éducation civique européenne, rien de mieux alors pour faire connaître les actions de l’UE que de “placer son enseignement au même niveau que les Institutions nationales dans les programmes scolaires pour faciliter l’appropriation de cet échelon décisionnel”. D’ailleurs, chaque année son bureau relaye de multiples initiatives pédagogiques qui s’orientent en ce sens. Le Parlement européen favorise également leur essor par un patronage, comme celui accordé au BWS.
Marie Pouzadoux (membre de l’équipe de coordination)