Lorsque l’on est élève à Sciences Po Aix, il est impossible de n’avoir jamais croisé la route de Rostane Mehdi. Ses discours inauguraux, ses conférences et ses cours jalonnent la vie étudiante de notre bonne maison depuis 2015. Directeur de l’établissement, professeur et président du jury du Brussels’ World Simulation, son portrait met en mot l’homme derrière les titres.
“l’Union européenne offre la possibilité d’une évasion”
Depuis son bureau, qui fait face à la cathédrale Saint Sauveur d’Aix, Rostane Mehdi gère les affaires courantes de l’IEP, reçoit les partenaires et, chaque année, réfléchit, avec l’équipe d’organisation, à la prochaine édition du BWS. Celui qu’il est rare de ne pas voir en costume est dédié à son travail et à son école. “Issu des amours d’une bretonne et d’un kabyle”, ce passionné de droit et d’Europe a patiemment tracé sa route à travers les filets de l’enseignement. S’il est aujourd’hui bien installé dans la profession, son début de parcours lui, relève “du fruit du hasard”. “J’aurai voulu faire des études d’histoires, mais cette appétence m’a conduit à faire du droit, choix que je n’ai jamais regretté”, explique-t-il derrière son masque. Après un baccalauréat à Alger, il rejoint Rennes pour y suivre un cursus en droit. Très tôt il voit la discipline comme “une science sociale passionnante qui permet de jeter un regard sur la société des Hommes”. Sur de sa voie, il publie une thèse sur le droit européen en 1994 et devient dans le même temps maître de conférence dans son université mère, Rennes. Entre deux semestres, il passe et obtient une agrégation de droit public en 1996, qui le conduira dans le sud et dans les amphithéâtres d’Aix-Marseille université. Intéressé par les relations internationales, les relations inter-institutionnelles et étatiques et les perspectives qu’elles offrent, il n’a eu de cesse de décupler son goût pour l’Union européenne. “Le droit de l’Union s’est imposé comme une évidence, mes origines, ma bi-nationalité y sont pour beaucoup. J’ai toujours souhaité inscrire ma vie intellectuelle dans un espace qui ne serait pas cloisonné par la souveraineté, qui m’a toujours fait me sentir à l’étroit. L’UE offre la possibilité d’une évasion” pose l’enseignant. Aujourd’hui directeur et professeur à Sciences Po Aix, et enseignant au collège de Bruges, il soutient qu’un bon choix professionnel est “un choix qui correspond aux attentes personnelles”. Son attachement aux pédagogies nouvelles et innovantes, en accord avec l’épanouissement de ses élèves, le conduit à tenter l’aventure BWS.
Rayonnement et poids institutionnel
Sensible aux arguments de Philippe Aldrin, maître du jeu, Rostane Mehdi décide il y a trois ans de lancer et labelliser cette “fantastique expérience pédagogique, qui permet d’expérimenter ce que l’on apprend de manière trop souvent théorique” appuie-t-il. Ce jeu, le directeur de Sciences Po Aix le voit également comme une manière de faire rayonner l’École. “Les labels obtenus, notamment de l’Académie d’excellence, renforcent notre poids institutionnel et donnent davantage de consistance à l’expérience des joueurs” analyse le juriste. Rostane Mehdi n’en démord pas, le BWS doit être une porte d’entrée vers le monde professionnel. “Ma préoccupation en tant que directeur, c’est de permettre une insertion réussie aux élèves. Le jeu donne aux participants les acquis disciplinaires et compétences transverses qui font la grammaire de leur métier de demain” étaye-t-il. Il confie avoir, lors des éditions précédentes, avoir systématiquement été surpris par le “niveau de crédibilité” et de “professionnalisme” déployé par les joueurs. “Les étudiants s’emparent des rôles qu’on leur donne, là est tout l’intérêt d’une transmission du savoir qui est autre que verticale et descendante” souligne-t-il.
Intelligence politique et interactions
Cette année président du jury du BWS, le directeur aura à cœur d’analyser “l’intelligence politique de participants et les interactions qui se nouent entre les joueurs” sans toutefois oublier la compréhension des enjeux portés par la thématique choisie. Ce sujet, celui de l’Europe du médicament, il l’estime primordiale à étudier. À la croisée de plusieurs enjeux européens, ce sujet “cristallise les attentes d’Europe et ses limites” selon le directeur. Optimiste malgré le contexte, il espère enfin “qu’en dépit des vicissitudes sanitaires, le jeu puisse se dérouler dans les meilleures conditions, sans altérer la qualité des échanges”.
Elhia Pascal-Heilmann